General Motors perdrait 49 000 $ sur chaque Volt vendue ? Pas si sûr

Reuters a publié en début de semaine un article qui en vient à la conclusion que General Motors perdrait 49 000$ sur chaque Volt vendue. Mais leur calcul fait quelques approximations hâtives.

Chevrolet Volt
Chevrolet Volt

 Le coûts de production -et donc les marges- sont des secrets jalousement gardés, que certains analystes tentent toujours d'estimer. Des journalistes de Reuters s'y sont essayés et le résultat est que General Motors perdrait près de 50 000$ sur chaque Volt vendue.
Comment arriver à un tel résultat ?

Les couts de production (matière, main d'œuvre) sont estimés dans une fourchette de 20 000 à 32 000$ par voiture, ce à quoi il faut ajouter l'amortissement de l'outillage et des couts de développement. Ces coûts sont estimés à 1,2 milliards de dollar au total. Les mathématiciens de Reuters ont divisé ce chiffre par le nombre de Volt vendues jusqu'ici aux Etat-Unis (21 500), pour arriver à environ 56 000$ par voiture. Soit au total 88 000$. La voiture étant vendue 40 000$ en prix de base, on arrive à 40 000 - 32 000 - 56 000 = -48 000$ (Le titre de l'article parle bien de 49 000$, sans doute 1 000$ ont-ils été ajoutés au titre de l'acheminement sans que ce soit évoqué dans l'article).

Chevrolet serait donc fou d'organiser des campagnes visant à vendre davantage de son véhicule phare comme ca a été le cas le mois dernier ?

Le calcul opéré par Reuters souffre de plusieurs problèmes. Evidemment, c'est le haut de la fourchette des coûts de production qui est prise en compte, mais ce n'est pas forcément le plus important. Au niveau de l'amortissement des coûts de développement et d'outillage, de gros raccourcis sont pris. Reuters ne prend en compte que les volt vendues aux Etats-Unis jusqu'à la fin août. C'est à dire ni les Chevrolet Volt vendues ailleurs dans le monde, ni les Opel Ampera. Et pas non plus toutes les Chevrolet/Holden Volt et Opel/Vauxhall Ampera vendues à l'avenir jusqu'au lancement de la deuxième génération. Ni du développement qui sera réutilisé sur les prochaines génération. Tentons de reprendre ces chiffres.

On ne va pas tomber dans un optimisme exagéré et donc pour les Ampera on se contentera de considérer que les 7 000 commandes européennes évoquées en mars ont été honorées, et pour le Canada on se base sur 870 (chiffres données par roulezelectrique.com). Mine de rien, ca fait fait bondir le chiffre de 21 500 à 29 000 en arrondissant à la baisse.

Pour l'avenir, on va considérer prudemment que les ventes mondiales resteraient constantes malgré l'ouverture de nouveaux marchés (Grande Bretagne, Australie...), aux alentours de 3 000 par mois (production en juillet un peu plus de 4 000, donc 3 000 c'est prudent!). La génération 2 devrait arriver dans le courant de l'année 2015, disons en mars, cela nous laisse encore 30 mois, soit 90 000 voitures.

Du coup, 1 200 000 000 / (29 000 + 90 000), ça ne fait plus qu'un peu plus de 10 000$ par voiture. Avec un coût de production de 32 000$ (+1 000$ pour l'acheminement) et un prix de vente de 40 000$, la perte par véhicule ne serait plus que de 3 000$. Et c'est en prenant la fouchette haute de l'estimation de coût de production.

General Motors a souvent dit que sur la première génération, le programme Voltec pourrait ne pas être excédentaire, mais ce n'est pas pour autant que chaque voiture vendue vient creuser le trou. C'est le contraire : les couts de développement étant de toutes façons déjà sortis et le prix de vente supérieur au coût de production, chaque véhicule vendu fait rentrer un peu plus d'argent.

D'après Bob Lutz, l'ancien grand chef de GM et fervent partisant de la Volt, la voiture génèrerait au final de la perte, mais pas de beaucoup. Les équipes actuelles de GM on d'ailleurs émis un communiqué à la suite de l'article de Reuters :
"L'estimation de Reuters sur nos pertes actuelles par véhiculle est grossièrement fausse, en partie parce que les journalistes ont alloué le coût de développement sur le nombre de Volt vendues jusqu'ici et non sur la durée de vie du programme, ce qui est la façon normale de calculer. A chaque Volt vendue, les chiffres de Reuters deviennent plus faux.
De plus, les recherches opérées
[dans le programme Voltec] sur les batteries, les systèmes de contrôle, les moteurs électriques, la regénération et les autres technologies trouvent des application sur bien d'autres produits actuels et futurs, ce qui nous permet d'étaler le coût sur un volume encore supérieur, réduisant par là même les coûts d'achat et de fabrication.
Chaque investissement que GM fait dans la technologie est destinée à être profitable à nos client et se conformer aux futures nécessités réglementaires, et à la fin faire du chiffre. La Volt ne diffère pas en cela, même si elle met plus de temps à être profitable.
GM est en pointe pour l'électrification de l'automobile parce que nous développons des technologies innovantes et construisons une -grandissante- base de clients enthousiastes pour des véhicules comme la Volt.
"

On pourra ajouter qu'il y a un retour sur investissement plus difficile à quantifier : celui de l'amélioration de l'image de Chevrolet et Opel, ce même procédé qui a été bien utile à Toyota pour vendre beaucoup de 4x4 tout en étant la marque de la Prius, de la même façon qu'Audi a été critiqué pour réaliser de la perte sur ses R8 pour faire de l'image et vendre plus d'A3.

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Commentaires

Tout est bon pour dénigrer les voitures électriques et leurs dérivés, ou en tout cas celles qui n'utiliseraient pas ou nettement moins de pétrole, car cela va à l'encontre des lobbys. C'était et c'est toujours pareil pour la Prius.

Toyota avait en effet perdu de l'argent au début de la carrière de l'auto, mais quelques années plus tard, le succès venant et dépassant même les espérances, cela a été tout le contraire.
On ne peut qu'espérer que futur soit semblable pour GM et sa Volt/Ampéra, même si cela prendra peut-être plus de temps vu le coût élevé de la voiture.