Voici le profil de la montée du col du Galibier depuis Saint Michel de Maurienne.
Il y a plus de 1 700 mètres de dénivelée totale à gravir. Même en attaquant la montée avec une batterie pleine, l'Ampera ne peut pas faire cette ascension entièrement en électrique.
En effet, même avec un véhicule vide et juste le conducteur, soit 1 735 kg, un calcul simple montre la quantité d'énergie nécessaire pour hisser cette masse sur 1 700 mètres :
E = m g h
E = 1 735 × 9,81 × 1 700 ÷ 3 600 ÷ 1 000
E = 8,0 kWh
À cette énergie, il faut ajouter celle nécessaire à faire avancer le véhicule sur une distance de 35 kilomètres. En partant sur 15 kWh/100km, il faut donc ajouter :
35 × 15 ÷ 100 = 5,3 kWh
L'ascension nécessite donc 13,3 kWh au strict minimum. Inutile de préciser qu'avec 4 personnes à bord et un coffre rempli de bagages, ce n'est pas faisable, écoconduite ou pas.
Mon objectif était d'arriver en haut du col en électrique, là où les fumantes sont à la peine en raison du manque d'oxygène et de la surchauffe du moteur thermique. Juste pour le plaisir de voir la tête médusée nombreux badauds qui s'arrêtent toujours à son sommet.
En faisant le calcul avec un véhicule chargé, je suis arrivé à la conclusion que les dix derniers kilomètres de la montée peuvent se faire en électrique. J'avais prévu de faire tout le trajet depuis Chambéry en mode Maintenir.
Mais suite à ma mésaventure m'ayant empêché de charger, je suis parti avec une batterie vide. J'ai donc décidé d'enclencher immédiatement le mode Montagne, pour me constituer une réserve électrique de 5 kWh pendant que je montais l'autoroute de la Maurienne. Comme cette autoroute grimpe déjà sérieusement, le régime moteur a été assez élevé, même mon épouse s'en est aperçue.
Après 30 minutes, nous avions rechargé la batterie à 50%, et le moteur thermique a retrouvé son régime normal. Logiquement, je me suis dit que cette quantité d'énergie électrique nous permettra de gravir les 5 derniers kilomètres lorsqu'au col en "zéro émissions".
C'est donc en mode Montagne que nous avons abordé la montée du col du Galibier. Arrivé au col du Télégraphe, je suis passé en mode normal, dans le but de régénérer encore un peu d'énergie, dans la descente qui mène jusqu'à Valloire. En repassant en mode Normal, l'écran n'affiche plus l'état de charge de la batterie sur le côté gauche, mais le niveau de carburant. J'ai donc utilisé l'affichage de l'écran central pour visualiser si je régénérais effectivement un peu d'énergie. De fait, je suis arrivé à Valloire avec 6 barrettes d'énergie sur 10.
J'ai voulu passer en mode Maintenir, mais ce mode n'est pas disponible lorsqu'on est parti avec une batterie vide. Et pas envie de m'arrêter pour éteindre la voiture. Donc passage en mode Montagne.
Et là, j'ai fait une petite erreur d'appéciation : ayant 6 kWh dans la batterie à Valloire, je me suis dit que je pouvais faire les 6 derniers kilomètres de la montée en électrique. Je suis donc passé en mode Normal 6 km avant le col du Galibier. Mon erreur était d'avoir oublié que la voiture allait s'empresser de revenir au niveau de batterie correspondant au mode Montagne, soit 5 kWh (et non 6).
Résultat : montée dans un silence monacal, et le moteur thermique qui se remet en route... deux virages avant le col !
Hilarité dans l'habitacle.
La suite au prochain épisode.